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S D F
S D F
Le froid est encor là, la bise est glaciale,
Pourtant à demi-nus ils arpentent les rues,
Les yeux presque sans vie, la démarche bancale,
Ils errent sans espoir, nous ne les voyons plus.
Les regards évasifs, parfois pleins de reproches
Que l'on jette sur eux , n'est-ce pas du dédain,
Condamnant sans appel, et trouvant cela moche
D'ailleurs s'ils sont ainsi, c'est qu'ils le veulent bien.
Et tout imbu de soi, la conscience tranquille
Nous poursuivons la route sans même un seul regret,
Ils ont faim ? ils ont froid ? Ce sont des imbéciles,
Pour en arriver là, c'est qu'ils le méritaient .
Et la conscience en paix, nous pensons à la fête
Avec les bons amis qui vont venir dîner
Des ripailles grandioses ; du pâté d'alouette,
Et les bonnes bouteilles que l'on va déboucher..
Un feu de cheminée, pour chauffer l'ambiance,
Vaisselle étincelante, à liseré doré,
Des flûtes de cristal que l'on lève en cadence
Pour arroser gaiement ce merveilleux souper..
Et les yeux allumés par le divin breuvage,
Le visage écarlate, par les mets trop copieux,
Nous refaisons le monde, depuis le Moyen âge,
Pour conclure enfin qu'on est bien malheureux.
O ! monstruosité vous ne vous rendez compte
Nous ne pourrons avoir l'écran du dernier cri.
Il est trop bien, pourtant, et là c'est une honte
Je n'ai pas pu encor changer mon Blackberry..
Tiens, il ne fait pas chaud, on remonte les braises,
Et dans un court instant de solidarité,
On pense qu'au dehors , dans la nuit , seuls sans aises
Des êtres vont dormir dans des cartons percés.
( Ecrit le 28 Février 2010 )